L’indice de pénurie de main-d’œuvre en Suisse croît de +22% depuis 2016 : les métiers de l’ingénierie, de la technique et du secteur fiduciaire sont particulièrement concernés
Zurich, 28 novembre 2019 – La pénurie de main-d’œuvre s’intensifie dans toute la Suisse en 2019. Cette année, les professions techniques et d’ingénierie ainsi que les professions du secteur fiduciaire figurent en tête du classement de la pénurie de main-d’œuvre. Preuve en est le classement de la pénurie de main-d’œuvre de Spring Professional, une entreprise du Groupe Adecco Suisse, et du Moniteur du marché de l’emploi de l’Université de Zurich. De nettes différences sont à noter entre les secteurs professionnels proportionnellement au besoin de main-d’œuvre : alors que les métiers de l’ingénierie et de la technique souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre, il existe clairement une surabondance de main-d’œuvre dans d’autres professions telles que le nettoyage, l’hygiène et les soins corporels, ainsi que dans les professions commerciales et administratives. En ce qui concerne les différences régionales, la Suisse alémanique est nettement plus touchée par la pénurie de main-d’œuvre que la Suisse romande.
L’indice de pénurie de main-d’œuvre a augmenté en Suisse : la situation dans les professions qui connaissent la plus grande pénurie de main-d’œuvre s’est encore accentuée par rapport à l’année précédente. En 2019, les entreprises ont encore eu plus de difficultés qu’il y a un an à trouver du personnel qualifié. « Les entreprises se battent pour la meilleure main-d’œuvre du marché et s’efforcent de plus en plus d’être un excellent employeur », explique Nicole Burth, CEO du Groupe Adecco Suisse.
Le classement de la pénurie de main-d’œuvre montre aussi que dans de nombreuses professions, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi est beaucoup plus élevé que le nombre de postes publiés. Toutefois, la situation des demandeurs d’emploi s’est quelque peu améliorée dans la plupart des professions avec une offre excédentaire de main-d’œuvre par rapport à l’année précédente : le nombre de postes publiés a globalement augmenté, tandis que le nombre de demandeurs d’emploi a légèrement diminué. « À la fin du classement des professions avec une offre excédentaire de main-d’œuvre, les demandeurs d’emploi auront toujours du mal à trouver un travail et à négocier les conditions d’embauche », commente Helen Buchs du Moniteur du Marché de l’emploi suisse.
Comme l’année précédente, on retrouve en 2019 les métiers de l’ingénierie en tête du classement de la pénurie de main-d’œuvre. Les ingénieurs en électronique et en génie civil font par exemple partie de ce secteur professionnel. Les professions techniques, qui occupaient la troisième place en 2018, sont passées à la 2e place en 2019. Ce secteur professionnel comprend par exemple les chauffagistes, les techniciens en ventilation et en climatisation. Les métiers de l’informatique, qui incluent notamment les analystes et les programmateurs, arrivent à la quatrième place. « Pour les entreprises, l’amélioration des compétences et la reconversion du personnel existant ou nouvellement recruté joue un rôle de plus en plus important : d’une part, en élargissant les qualifications existantes, par exemple lorsqu’une entreprise aide un électronicien à se former pour qu’il devienne ingénieur électricien, d’autre part, en mettant davantage l’accent sur les qualifications internes, par exemple, en formant la main-d’œuvre nécessaire sur le tas dans l’entreprise », souligne Luca Semeraro, Head of Professional Recruitment du Groupe Adecco Suisse.
Comme l’année précédente, il y a en 2019 une pénurie aigüe de main-d’œuvre dans le secteur fiduciaire, dans lequel on retrouve notamment les réviseurs, les agents fiduciaires et le personnel des impôts. Ce secteur professionnel occupe la 3e place. Trouver du personnel qualifié pour les postes publiés dans ce secteur représente actuellement un défi majeur. « Les petites entreprises en particulier ont actuellement du mal à suivre le rythme des conditions, des perspectives de carrière et de l’environnement de travail des ‹ big 4 ›. En même temps, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée gagne de plus en plus d’importance. La lutte pour une main-d’œuvre s’est intensifiée dans le secteur fiduciaire », affirme Semeraro.
En ce qui concerne les professions de la médecine humaine et de la pharmacie, la pénurie de main-d’œuvre a augmenté par rapport à l’année précédente, davantage de postes étant proposés. Les pharmaciens et assistants en pharmacie en font notamment partie. « Comme on peut le constater depuis un certain temps déjà, le nombre de médecins qualifiés ne peut pas rivaliser avec les besoins de notre système de santé en pleine expansion. L’évolution démographique progresse plus vite que la formation initiale et continue de la main-d’œuvre nécessaire. Toutefois, il est possible de rendre les conditions de travail encore plus attrayantes. Les entreprises du secteur de la santé sont particulièrement demandées à cet égard », commente Corinne Scheiber, Head of Professional Solutions du Groupe Adecco Suisse.
Les professions nécessitant un faible niveau de formation sont particulièrement touchées par une offre excédentaire de main-d’œuvre. La concurrence des demandeurs d’emploi pour des postes dans ces professions devrait donc augmenter en conséquence. « Plus le niveau de formation et de spécialisation sont élevés, plus la main-d’œuvre est demandée. C’est pourquoi il est important de se former en permanence », poursuit Buchs.
En 2019, les métiers du nettoyage, de l’hygiène et des soins corporels affichent la plus forte offre excédentaire de main-d’œuvre parmi tous les secteurs professionnels et occupent actuellement la dernière place du classement de pénurie de main-d’œuvre. Ce secteur professionnel comprend par exemple les métiers de l’entretien du textile, les concierges, les coiffeurs et les esthéticiens. Bien que le rapport entre les postes publiés et les demandeurs d’emploi se situe au même niveau que l’année précédente, le secteur professionnel perd une place dans le classement. Cela s’explique par une légère amélioration de la situation au niveau des autres professions fermant le classement, l’offre excédentaire ayant quelque peu diminué. Logiquement, ces métiers demeurent aux derniers rangs du classement.
À la troisième place en partant de la fin, on trouve les métiers de la restauration et de l’intendance, comme le personnel de service et de cuisine ou les employés de maison. Par rapport à l’année précédente, ce secteur professionnel a perdu une place dans le classement en 2019. En revanche, les métiers de la construction sont remontés d’une place en 2019 et occupent désormais la 29e place. Ce secteur professionnel comprend par exemple les maçons, les charpentiers, les installateurs sanitaires et les monteurs électriciens. Ici, la situation de l’offre excédentaire s’est atténuée par rapport à l’année précédente, le nombre d’offres d’emploi ayant augmenté et le nombre de demandeurs d’emploi ayant quelque peu diminué.
Les professions du commerce et de la vente (par exemple vendeur ou caissier) souffrent également d’une offre excédentaire importante de main-d’œuvre (cinquième place en partant de la fin). « Dans le secteur de la vente par exemple, on observe d’une part une réorientation qualifiée vers le commerce en ligne, et d’autre part, le transfert de plus en plus fréquent vers les machines d’activités autrefois exercées par le personnel des magasins, comme l’encaissement. Pour les vendeurs, cela signifie qu’ils doivent se concentrer sur des activités plus difficiles à substituer, comme par exemple le conseil à la clientèle ou la persuasion », commente Helen Buchs du Moniteur du marché de l’emploi suisse.
Parmi les professions présentant la plus grande offre excédentaire de main-d’œuvre figurent également les professions commerciales et administratives telles que les professions de bureau, les fonctionnaires administratifs ou les spécialistes de l’organisation. Elles occupent l’avant-dernière place du classement. « Les entreprises tirent parti des possibilités croissantes de l’automatisation, de la numérisation et de l’outsourcing. Les modifications apportées au contenu et aux techniques de travail affectent de nombreux employés de ce vaste secteur professionnel. Il est urgent d’encourager la formation continue et les spécialisations, en particulier au niveau des compétences numériques, pour suivre les progrès de la numérisation », commente Helen Buchs du Moniteur du marché de l’emploi suisse.
En Suisse alémanique, les métiers de l’ingénierie et de l’informatique occupent les deux premières places dans le classement de la pénurie de main-d’œuvre en 2019. Par rapport à l’année précédente, les ingénieurs ont conservé leur 1ère place, tandis que les informaticiens sont remontés de deux places et que la pénurie de main-d’œuvre s’est intensifiée pour ces professions. Les professions du secteur fiduciaire occupent la 3e place du classement et ont ainsi perdu une place par rapport à l’année précédente.
À la dernière place du classement, on trouve les métiers du nettoyage, de l’hygiène et des soins corporels, à l’avant-dernière place, les métiers de la restauration et de l’intendance, et à la troisième place en partant de la fin, les métiers de la construction. Pour ces derniers, l’offre excédentaire de main-d’œuvre s’est quelque peu atténuée par rapport à l’année précédente et ils ont pu remonter d’une place dans le classement.
En 2019, les techniciens arrivent en tête du classement de la pénurie de main-d’œuvre en Suisse romande. À la deuxième place suivent les métiers du secteur fiduciaire et à la troisième place, les professions de la médecine humaine et de la pharmacie. Par conséquent, la pénurie de main-d’œuvre dans ces professions est comparable à celle de l’année précédente et les entreprises devraient continuer à avoir du mal à pourvoir leurs postes avec des candidats qualifiés. Globalement, la pénurie de main-d’œuvre est moins marquée en Suisse romande que dans l’ensemble de la Suisse, ce qui s’explique également par un taux de chômage relativement élevé.
Les professions commerciales et administratives arrivent en bas du classement, même si l’offre excédentaire dans ces professions a quelque peu diminué par rapport à l’année précédente. En revanche, dans les métiers du nettoyage, de l’hygiène et des soins corporels, l’offre excédentaire s’est encore aggravée par rapport à l’année précédente. Par rapport au classement de l’an dernier, ce secteur professionnel a perdu deux places en 2019 et occupe désormais l’avant-dernière place.